L’Ariège est le département où la prédation de l’ours est la plus forte. La MSA en partenariat avec la Chambre d’agriculture et la Fédération Pastorale a déployé des mesures humaines et techniques pour accompagner les bergers qui vivent la peur au ventre.

La Mutualité sociale agricole (MSA) est l’organisme de droit privé qui assure la couverture sociale de l’ensemble de la population agricole et de ses ayants droit. Elle est composée de caisses départementales et interdépartementales, pour être au plus près de ses adhérents. La MSA Midi-Pyrénées Sud couvre ainsi quatre départements : la Haute-Garonne, le Gers, les Hautes-Pyrénées et l’Ariège.

En 2023, MSA et Chambre d’agriculture signent une convention visant à renforcer une coopération au service des professionnels de l’agriculture. L’Ariège est le département le plus touché par la prédation ursine puisqu’il concentre à lui seul près de 90% des 349 attaques d’ours recensées en 2023. Face aux situations de détresses que cette situation génère, le partenariat s’est élargi avec la participation de la Fédération Pastorale.

Cette coopération prévoit qu’en fin d’estive soit organisé un temps d’expression propre aux bergers et aux éleveurs. Ces retours d’expériences sont l’occasion de mesurer la charge mentale, voire le traumatisme constant chez certaines personnes, que représente la présence de l’ours et les prédations qui en résultent.

Lors de ces échanges ont été identifiés de nouveaux besoins chez les bergers et les éleveurs, amenant les partenaires à faire évoluer en 2024 les dispositifs d’accompagnement mis en place en 2023.

Une cellule de déchoquage psychologique

« En 2023, avec le concours de la maison de la psychologie, nous avons mis en place un soutien psychologique spécifique pour les bergers confrontés à la prédation en estive, détaille Philippe Carbonne Responsable du service Prévention des Risques Professionnels. La prédation a sur eux un impact psychologique très fort, de l’ordre du stress post-traumatique. C’est pourquoi une équipe de psychologues spécialisée dans le psychotraumatisme et les interventions d’urgence en situation violente, leur vient en aide dans un délai de 24 heures après le drame. Accompagnée de l’éleveur, l’un des psychologues monte en estive pour voir le berger au lendemain de la prédation. »

Cette prise en charge immédiate les aide à gérer la violence et l’horreur du choc.

Pour 2024 nous élargissons notre champ d’intervention. Suite aux retours des bergers, qui évoquent un état de mal être du fait de la simple présence de l’ours, nous mettons en place la possibilité de solliciter l’intervention de la psychologue sans qu’il y ait eu préalablement un acte de prédation

Coupés du monde avec la peur au ventre

Cet accompagnement de la MSA s’attache vraiment à prendre en compte le rôle du berger, ses conditions de travail, son stress quotidien et sa gestion des chiens de protection pour garder le troupeau mis en parc le soir, qui demande énormément de vigilance et d’efforts. Chaque été en Ariège, près de 750 éleveurs font transhumer leurs animaux, le plus souvent dans le cadre de regroupement pastoraux, dans 90 estives réparties sur 120 000 hectares de terre montagneuses. Ce qui représente près d’un quart de la superficie du département, que les bergers doivent surveiller avec la présence constante, menaçante et dangereuse de l’ours.

« Ce que nous rapportent les bergers est traumatisant témoigne le représentant de la MSA. Ils vivent dans la peur de l’ours, n’ont aucun moyen de défense et sont en estive dans des zones blanches où les communications téléphoniques sont au mieux compliquées et le plus souvent inexistantes. »

Des balises de géolocalisation en estive

Dans ces conditions, mais aussi compte tenu du statut même de travailleur isolé,  la MSA a décidé de renforcer le dispositif mis en place par la Direction Départementale des Territoires, qui en 2023 et 2024 met à disposition des bergers intervenant sur les 30 estives les plus prédatées, des balises d’alerte géolocalisables. Ainsi, pour 2024 la MSA finance pour 17 600 €  50 de ces mêmes balises afin que les bergers puissent dans les zones blanches déclencher une alerte et l’intervention des secours. Ces balises seront mises à disposition des président(e)s des Groupements Pastoraux.

Nous avons aussi organisé fin mai 2024 deux journées de sensibilisation pour les bergers durant lesquelles les visites préalables à l’embauche ont été réalisées par un médecin et infirmière du travail. Parallèlement des informations leur ont été dispensées  notamment sur le dispositif de soutien psychologique mais également sur les conduites à tenir en cas d’orage, les bons gestes pour prévenir les troubles musculo squelettiques, une sensibilisation aux conséquences sur la santé lors des interventions sur les brebis sans utiliser de gants et enfin sur la vigilance à apporter en cas de piqure de tique.

Entre, visites médicales, soutien psychologique et dispositif d’alerte, notre objectif est d’apporter la meilleure réponse possible aux préoccupations des bergers et éleveurs..