Jusqu’à présent, j’ai toujours vécu en pensant que les élus locaux, ceux qui administrent nos collectivités dont fait partie le Parc Naturel des Volcans d’Auvergne, étaient proches de nous, les agriculteurs, ceux qui valorisent au quotidien leur territoire. J’ai toujours considéré qu’il était possible de leur faire part de nos préoccupations, d’échanger sur l’avenir de l’espace que nous partageons.
Cette semaine, j’ai définitivement changé d’avis. Alors que nous rentrons de Lyon où la Fédération Nationale Ovine nous avait invités à manifester contre la prolifération des loups en France et où nous nous sommes rendus par solidarité et compassion avec de nos frères éleveurs directement impactés par la présence dévastatrice du loup, nous sommes conviés par le Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne à une réunion « d’échanges sur le loup ».
Sans qu’aucun argument objectif ne légitime l’organisation de cette réunion, celle-ci semble avoir été motivée par la perspective de mobiliser des crédits ministériels pour des actions de prévention visant à anticiper la coexistence entre les activités d’élevage et l’occupation de l’espace par le loup. Quelle indécence ! Rien n’explique que les élus aient décidé de consacrer les moyens financiers du Parc à cette thématique. Au lendemain de la manifestation de Lyon, cette réunion résonne comme un profond mépris vis-à-vis de la détresse des éleveurs dont notre réseau syndical s’est fait écho.
Messieurs les élus, l’appel du loup, qui contre tout principe d’économie en ce contexte de rigueur budgétaire mobilise des moyens financiers importants à tous les niveaux, vous a détourné des réalités que nous vivons. Aujourd’hui les problématiques des éleveurs sont de maintenir les espaces ouverts pour le pâturage, elles sont d’assurer une valorisation économique de leur production à partir des ressources locales, elles sont de contribuer à un développement harmonieux des activités d’élevage avec le tourisme, les loisirs nature, l’exploitation forestière… Autant de problématiques auxquelles les équipes du Parc ont pour mission de contribuer, autant de sujets sur lesquels le Parc aurait vocation à innover et à exceller.
Messieurs les élus, nos anciens nous ont laissé un territoire sûr au sein duquel nous n’avons pas, à l’approche de la nuit, à rassurer nos enfants effrayés par la présence potentielle du loup. Par respect pour les générations futures, nous n’avons pas le droit de contribuer d’une manière ou d’une autre à la présence du loup sur le territoire du Parc.
Messieurs les élus, convaincus que le loup n’apporte aucune plus-value économique et écologique au territoire du Parc, vous ne trouverez parmi les éleveurs du Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne, aucun candidat au massacre de son troupeau ! Messieurs les élus, nous vous avons écoutés sagement à l’occasion de cette réunion mais sachez que nous ne resterons pas les figurants d’un scenario dont le dénouement tragique est connu d’avance !
Paul Bony, Vice-Président FDO et FNSEA 63