Deux chercheurs de l’INRA : Michel MEURET et Pierre-Louis OSTY présentent dans une publication parue dans le Pastum numéro 104 de 2015 : Les loups des Rocheuses du nord : chronique d’une icone sous controles. Ils nous présentent dans ce document le cas de la réintroduction du loup aux Etats-Unis, de son impact sur les troupeaux, de sa gestion et reviennent sur les idées souvent entendues de rôle bénéfique des loups sur la biodiversité du Parc de Yellowstone.
Plusieurs populations de loups vivent sur le territoire des États-Unis, toutes ayant fait l’objet, depuis le milieu des années 1980, d’une politique nationale de restauration. L’exemple analysé par l’INRA est celui de la population de loups du nord des Montagnes Rocheuses (Montana, Wyoming et Idaho), un espace grand comme 1,5 fois la France. On y trouve les loups, devenus célèbres, du Parc National de Yellowstone.
La restauration a été un travail pionnier de grande ampleur : suivi des constitutions de meutes et de couples reproducteurs, piégeage et pose de nombreux colliers émetteurs, publication chaque année des cartes de territoires de meutes et de leurs éventuels mouvements.
Le succès démographique fut incontestable : environ +150 loups par an, jusqu’à atteindre en 2009 et 2010 un minimum d’effectif estimé à 1700 loups adultes. Cette progression s’est déroulée sous contrôle permanent et vigoureux des humains en charge des réintroductions. Un « contrôle ciblé des loups à problème » a en effet été réalisé dés le départ : capture, piégeage et tir létaux. Ces loups sont ceux qui s’attaquent au bétail domestique, mais aussi ceux qui s’en prennent aux troupeaux d’ongulés sauvages en migration hors des limites du Parc de Yellowstone ou d’autres espaces protégés. Dans les années 2008 à 2010, les contrôles létaux ont concerné 260 à 270 loups par an (15 % de la population). Les actions de contrôle visent à réduire l’hostilité des éleveurs et des chasseurs et à éviter le risque d’un braconnage généralisé.
Comparativement à d’autres pays, dont la France, le niveau de prédation sur le bétail domestique, présent à l’année sur zone car ce sont aussi des régions d’élevage, est relativement bas : en moyenne, 180 bovins et 330 ovins tués par an.
Une surprise enfin : les effets bénéfiques du retour des loups au Yellowstone sont remis en question par l’un de leurs plus célèbres promoteurs. Données scientifiques à l’appui, celui-ci s’insurge contre les jugements de valeur et les conclusions trop péremptoires et infondées de ses collègues. Au Yellowstone, y aurait-il eu tromperie sur la marchandise ?