Monsieur le Premier Ministre,
Le 11 octobre dernier, à Rungis, le Président de la République demandait aux professionnels des filières agricoles de se tourner vers l’avenir. A travers la construction de plans de filière, il les poussait à imaginer, collectivement, leur « offre » de demain.
Nous, éleveurs de brebis, partageons pleinement cette volonté de regarder plus loin que l’urgence du présent. Cette ambition de fixer un cap à nos productions.
Après avoir traversé, il y a 40 ans, une crise qui nous privait de la moitié de notre cheptel et d’un tiers de nos producteurs, c’est, en effet, le choix que nous avons fait. Nous nous sommes engagés dans la contractualisation, nous avons développé nos filières sous signes officiels de qualité, nous nous sommes investis dans un grand chantier visant à adapter, toujours mieux, nos produits aux attentes des consommateurs.
Seulement voilà, dans notre situation, aujourd’hui, l’urgence que nous avons à combattre pourrait bien nous priver de tout lendemain.
Car cette urgence est « vitale » : au-delà des difficultés économiques que nous rencontrons, au-delà de la fragilité de nos exploitations, c’est la survie même de nos troupeaux, face aux attaques incessantes des prédateurs, qui est aujourd’hui en question !
Plus que jamais, en 2017, en France, le loup fait des ravages dans nos élevages. Plus que jamais, nous, éleveurs, nous sentons seuls, désespérés, abandonnés face à ce danger.
Plus que jamais, nous avons besoin de sentir un Etat solidaire à nos côtés. En plein cœur des Etats Généraux de l’Alimentation, nous souhaitons voir la France miser sur son élevage et tout mettre en œuvre pour en assurer la pérennité.
Et c’est donc une politique ambitieuse de lutte contre la prédation – au travers du « Plan Loup », dont les lignes directrices pour la période 2018-2023 devraient prochainement être dévoilées – que nous attendons de votre Gouvernement.
C’est un plan d’actions national visant un objectif « zéro attaque » que nous sollicitons. C’est un droit permanent des éleveurs à se défendre, une simplification des procédures et un renforcement des outils de défense à notre disposition que nous sollicitons.
Nos exploitations, nos emplois, nos troupeaux, ne disposent pas, contrairement au loup, d’un statut visant à assurer leur « conservation ». Ils rendent, pourtant, des services irremplaçables aux populations, aux territoires, à l’environnement et, plus largement, à la société. C’est pourquoi nous comptons, Monsieur le Premier Ministre, sur votre pleine détermination à les protéger.
Je vous remercie pour l’intérêt que vous voudrez bien porter à cet appel et vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma très haute considération.
Michèle BOUDOIN,
Présidente de la FNO
Michèle Boudoin – Présidente FNO
(c) Sophie Giraud Chatenet – journaliste