A la veille de la montée des troupeaux dans les estives, la dernière lueur d’espoir d’un été moins sanglant s’est éteinte à l’annonce du verdict du tribunal administratif de Paris. En effet, après plus de 2 ans d’attente, le verdict est tombé. La justice administrative rejette le recours des éleveurs de brebis ariégeois. La réintroduction des deux ourses slovènes gestantes Claverina et Sorina est donc légale.
La FNO, fédération nationale ovine, et le syndicat ovin de l’Ariège prennent acte de la décision. Les ours sont là, mais aucune solution viable pour protéger l’élevage n’est proposée dans le plan Ours. La chaîne pyrénéenne doit être dotée des moyens pour atteindre les objectifs fixés par le code rural où il est rappelé que l’agriculture, le pastoralisme et la forêt de montagne sont reconnus d’intérêt général comme activités de base de la vie montagnarde et gestionnaires centraux de l’espace montagnard.
Si l’élevage est un des piliers de l’agriculture pyrénéenne, la protection des troupeaux contre la prédation de l’ours doit être garantie par l’Etat.
Pourtant depuis des années, les moyens proposés sont dérisoires et inefficaces. Les pratiques ancestrales du pastoralisme pourtant adaptées au territoire sont mises à mal. Les éleveurs de la montagne, experts de leur milieu sont méprisés par l’Etat qui leur impose une lourde charge de travail supplémentaire et demande des investissements matériels conséquents, loin d’être financés à 100%.
Les mesures de gestion de la population ursine affichées dans la feuille de route « Pastoralisme et Ours » sont en partie remises en cause : l’effarouchement de niveau 2. De plus, les diagnostics de vulnérabilité pourtant promis n’ont pas été réalisés alors que la conditionnalité des indemnisations doit s’appliquer.
Les éleveurs ont déjà fait d’énormes efforts, souvent au détriment de bien-être des animaux : garde renforcée, bergers salariés, chiens de protection, regroupements nocturnes et parcs de nuit pour ceux qui peuvent… Et malgré tout, ils ne voient pas d’amélioration puisque les années passant les attaques ne cessent d’augmenter.
Concrètement, la FNO et le syndicat ovin de l’Ariège demandent à l’Etat de clarifier ses intentions pour que la protection des troupeaux soit effective dès l’été 2021. Cela passe entre autres par le rétablissement de l’effarouchement renforcé des ours réalisé par les agents habilités de l’Etat, afin de donner un peu de répit aux éleveurs dont les troupeaux sont soumis à la prédation compte tenu de l’inefficacité des mesures de protection disponibles.