L’éleveur, qui avait reçu le préfet coordonnateur ce printemps, est victime de nombreuses attaques sur sa commune. Désespéré, il apporte les cadavres de quelques unes des victimes devant les Alpes-de-Haute-Provence.
Désespoir, incompréhension de l’administration, impuissance,….
Photo Stéphane Duclet – La Provence
Il est 7h55, la ville se met au travail. La rumeur du matin remonte le long de l’avenue du docteur Romieu. Les bruits de pas lointains, le son des travaux, le chant des corbeaux… Digne se réveille dans la fraîcheur. Un pick-up tractant une remorque à bestiaux pénètre dans la rue en marche arrière. Silence. Au volant, Julien Giraud, lui, n’a pas dormi de la nuit. Depuis 12 jours, l’éleveur installé à Valensole veille le plus tard possible pour surveiller son troupeau. Mais, dimanche soir, le loup a de nouveau trompé sa vigilance. Une attaque de plus, après celles du mois de juin, puis du mois de septembre. Cinq au total, pour 90 bêtes tuées. La coupe est pleine. Après avoir cherché ses brebis égarées toute la journée de lundi, à l’aube, hier, l’agriculteur a décidé de charger les victimes dans sa moutonnière pour les déposer devant la préfecture. Il s’arrête, descend du véhicule déterminé, baisse le hayon et décharge cinq cadavres sur le bitume.
En costume bleu, Christophe Cousin, le directeur de cabinet, sort à sa rencontre. Le dialogue qui s’installe souligne crûment le contraste qui oppose le quotidien de l’éleveur et les contraintes administratives qui commandent l’action des services de l’État. « Aujourd’hui, j’ai 21 bêtes tuées, hier, 12 heures de recherches, celles-là là-bas, je n’ai pas pu les saigner« , lance Julien Giraud en désignant les bêtes blessées, condamnées, laissées à l’intérieur de la remorque. « Le directeur départemental des territoires est prêt à vous recevoir et la Brigade nationale loup va passer la semaine prochaine » répond le cadre de la fonction publique. « J’attends » tranche l’agriculteur, avant de lever la voix : « Le préfet est venu sur mon exploitation le 27 août. Il a dit : on va tuer du loup. On en a tué 5 dans le 04. Vous n’avez pas honte !«
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