En quelques semaines, la ferme Menut bascule dans les 50 fermes les plus prédatées, alors que les moyens de protection sont mis en place à grand frais.
En 2020, 2790 contrats de protection (Source : Draaf Auvergne Rhône Alpes) ont été engagés par des éleveurs avec un financement partiel par l’État et l’Europe : chiens de protection, regroupement nocturne des troupeaux, gardiennage renforcé. Les éleveurs doivent assumer 20% des coûts engagés pour protéger les troupeaux et quelquefois engager des dépenses supplémentaires dépassant le plafond des aides accordées en fonction des effectifs du troupeau et du mode de garde (parc ou gardiennage)… en plus des contraintes et du stress qu’ils subissent.
Mais au fil du temps, les loups non menacés apprennent que l’approche du troupeau ne comporte aucun risque pour eux. Ils insistent, ils reviennent, ils épuisent l’éleveur, le berger et les chiens, enfin ils attaquent. Voilà 7 ans que le troupeau de brebis de Christian et Guillaume Menut à la Verdière dans le Var subit régulièrement les attaques des loups.
En décembre 2019, les loups étaient même entrés dans la bergerie où plus d’une vingtaine de brebis avait été éventrée, blessée ou tuée. Cet hiver, les attaques se sont à nouveau intensifiées. La famille Menut a vu 16% de ses brebis disparaître en 3 mois, soit 145 bêtes. Pourtant tous les moyens de protection ont été mis en place sans compter les 6 patous (Chien de protection) toujours aux aguets. En fonction de la pression de prédation et de son évolution, la protection a été régulièrement renforcée. Ces éleveurs auront déboursé plusieurs milliers d’euros pour des mesures de protection qui s’avèrent inefficaces.
Ce lundi 15 mars, Jean-Paul Celet, préfet référent du plan loup, la Draaf, deux agents de la brigade loup et les louvetiers, à l’invitation de la FNO, fédération des éleveurs de brebis sont venus constater le désarroi et les préjudices subis. A l’issus de cette visite et à la veille du retour des brebis dans les pâturages, trois engagements ont été pris :
- La brigade loup va protéger le troupeau de la famille Menut pendant un mois. Si de nouvelles attaques sont constatées, un tir de prélèvement exceptionnel pourra être autorisé.
- L’évolution des critères d’attribution des cercles 0[1] de l’arrêté du 28/11/2019 relatif à l’opération de protection de l’environnement dans les espaces ruraux portant sur la protection des troupeaux contre la prédation va être réétudiée. La FNO propose que les zones en cercle 0 soient définies par territoire et non plus par commune.
- Faisant partie des 50 élevages les plus prédatés, la ferme Menut pourra bénéficier d’une analyse de vulnérabilité. Cette analyse a pour objectif d’établir une recommandation technique pour adapter les moyens de protection au milieu fermé. En 2021, elle pourra être déployée aux 200 fermes les plus prédatées. Des accompagnements financiers supplémentaires seront nécessaires que ce soit au niveau du ministère de l’agriculture que des collectivités territoriales.