Les éleveurs de moutons et de brebis victimes d’attaques du loup depuis quatre ans voulaient faire entendre leur voix lors d’une journée consacrée au loup au zoo d’Amnéville. Photo Alain MORVAN
Une quinzaine d’éleveurs de Moselle, Vosges et Meuse ont tenté, hier, d’entrer au zoo d’Amnéville qui organisait une journée consacrée au loup. Résultat ? Plainte du directeur, intervention de la police et des pompiers.
Ils sont arrivés à pas de loup vers 13h30 le 2è septembre dernier. En se garant à bonne distance de l’entrée du zoo d’Amnéville, où se déroulait une journée de découverte autour du roi des grands canidés avec de bons connaisseurs du sujet, dont Anthony Kohler, animateur de l’association Ferus.
Refoulés aux caisses, la quinzaine d’éleveurs ovins lorrains, venus des Vosges, de la Meuse et de l’Est de la Moselle, sont revenus à la charge quelques minutes plus tard.
Agneaux orphelins
Avec des agneaux dans les bras. « Nous les avons nourris au biberon depuis que leur mère a été tuée par le loup. C’est cette réalité-là qu’on veut décrire aussi au public de la conférence », se fâche Stéphane Ermann, président du syndicat ovin de Moselle et installé près de Sarrebourg.
A côté de lui, barbe et chevelure fournies, moral en berne, Roland Marchal, éleveur à Landange (Moselle) et victime de cinq attaques en quinze jours au printemps 2014. « On ne dort plus. Au début, on nous dit que c’est des chiens. Le loup était à vingt mètres de la maison. J’ai perdu quinze brebis. Les mesures de protection – chiens Patou, clôtures électriques – ne suffisent pas. La cohabitation n’est pas possible. »
Aux côtés de Daniel Dallenbach, le Meusien, membre de la fédération nationale ovine, Jean-Yves Poirot, de la Bresse, a perdu 80 bêtes depuis 2011.
Depuis quatre ans, le loup a pris ses aises dans les quatre départements lorrains et des tirs de prélèvements ont été autorisés dans les Vosges et la Meuse. Fin août, la pression sur la région s’est accentuée avec l’identification d’un autre grand canidé en Allemagne, juste à côté de Bitche ( RL de samedi).
Plainte de la direction
« J’en suis à dix attaques en 2015. En juillet, les Vosges étaient le 8e département de France en nombre d’attaques. Le loup est beau en conférence et dans les livres. Dans nos exploitations, il sème la mort. C’est une épée de Damoclès permanente », tranche Jean-Yves Poirot.
Arrivé en scooter vers 14h30, Michel Louis, directeur du zoo d’Amnéville, n’a pas supporté l’irruption dominicale des éleveurs alors que les familles se pressaient pour voir tigres de Tiger World, gorilles et… loups blancs dans leurs enclos.
« Déjà, ils devaient obtenir l’autorisation de manifester. Sur le fond, ils auraient dû nous demander de participer à un débat. Nous aurions, certes, poliment refusé, parce que nous sommes pour la défense du loup. Nous ne sommes pas là pour donner la parole à des gens qui n’ont aucune objectivité. Certains font un véritable fonds de commerce de ce sujet », assène Michel Louis, qui va porter plainte.
Les éleveurs ont levé le camp dans le milieu de l’après-midi. Non sans difficultés. L’un d’eux, Raymond Jung, d’Avricourt, qui a perdu dix-neuf bêtes en janvier 2015 a été pris d’un malaise alors qu’il essayait malgré tout de franchir les caisses du zoo pour assister aux conférences. Il a été pris en charge par les pompiers dans un climat assez tendu entre policiers, direction du zoo et invités-surprise anti-loup. Un représentant de la préfecture a joué les médiateurs. Les éleveurs demandent une réunion avec le préfet.
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