La mise en place des moyens de protection a un impact important sur le fonctionnement des élevages régionaux. Une étude menée sur la ferme du lycée de Carmejane (Le Chaffaut-Saint-Jurson, 04) s’attache à quantifier de façon objectives ces impacts grâce aux enregistrements régulier qui sont fait sur cette ferme. Pour cela, 2 périodes ont été comparées : avant que la ferme ne soit confrontée à la prédation (année 2013 et 2014) et une période où la ferme est confrontée à la prédation et a stabilisé son dispositif de protection (2018, 2019 et 2020).
Le dispositif de protection de la ferme de Carmejane :
L’exploitation est soumise à la prédation sur ses surfaces de proximité depuis 2015. A partir de cette date, des moyens de protection ont été mis en place progressivement et adapté au système et à la prédation présente. Aujourd’hui la protection repose sur la combinaison de plusieurs éléments :
- 8 chiens de protection de race berger des Abruzzes
- Un gardiennage du troupeau lorsque les animaux sont sur parcours
- Des parcs de regroupement nocturne
- Une surveillance et une protection renforcée en prairies
- Une simplification de l’allotement pour limiter le nombre de lots au pâturage à protéger
Impact sur le fonctionnement de l’exploitation et les performances du troupeau
Tout d’abord l’utilisation de chiens de protection, afin de protéger le troupeau, rend problématique l’activité simultanée avec la chasse. Afin de limiter les conflits avec les autres usagers, le troupeau ne pâture plus sur les parcours pendant la période de chasse (automne) ce qui conduit à une baisse du nombre de jours sur parcours de 39%.
Ensuite afin de limiter le nombre de lots différents au pâturage pour optimiser l’efficacité des moyens de protection, la conduite de certains lots a été modifié impliquant des baisses de performance technique. Notamment, il a été constaté sur l’agnelage d’automne, une baisse de fertilité (- 5 points) et de prolificité (- 20 points). Sur ce lot de 350 brebis, cette baisse représente 76 agneaux de moins.
Impact sur le temps de travail
La mise en place des moyens de protection : préparation des parcs de nuit, surveillance du troupeau, gestion des chiens de protection, suivi administratif des dossiers engendre une surcharge de travail de 420h par an, auxquelles il faut ajouter l’embauche d’un berger 5 à 6 mois par an.
Bilan économique de la mise en place des moyens de protection.
La mise en place des moyens de protection a un coût pour la ferme de Carmejane de presque 34 000€ par an, comprenant le temps de travail, les charges liés aux chiens de protection, le matériel et les déplacements supplémentaires. Malgré des subventions pour la mise en place des moyens de protection, il a été calculé un reste à charge pour l’exploitation de plus de 12 000€ par an (environ 19€/brebis).
Auteurs : Pierre-Guillaume Grisot, Institut de l’Elevage et Aurélien Jeanleboeuf, Ferme de Carmejane
Crédit photo : IDELE / Carmejane